mardi 27 novembre 2007

Sicko: Commercialiser les soins de santé ?

L’horrible situation des soins de santé privatisés américains révélée par le dernier film de Michaël Moore “Sicko” est une menace qui se concrétise de plus en plus en Belgique. Tandis que le débat sur la privatisation des soins de santé suit son cours, on met de plus en plus de pression sur les patients.

Le gouvernement intervient de moins en moins
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La Belgique dépense pour l’instant 10,1% de son PIB dans les soins de santé, un peu plus que lors des années précédentes. Raison supplémentaire pour laisser plus d’opportunités aux initiatives commerciales et tant pis si cela menace les plus nécessiteux, cela va de soi. Guy Peeters, président des Mutualités Socialistes, affirme ainsi : “75% des dépenses dans l’assurance-maladie sont allouées à seulement 10% de la population. On sait que, sur un marché privatisé, les profits exigeront une sélection plus poussée des risques. En conséquence, les personnes à risques - les malades chroniques et les personnes agées - seront les premières victimes”.

Nous avons à payer plus à mesure que le privé s’impose dans les soins de santé. Cette tendance est incontestable. En 1995, le gouvernement prenait encore 78,5% des dépenses des soins de santé à sa charge pour 71,1% en 2003. Mais, en 2005, le gouvernement ne finançait plus que 68% des frais. En d’autres termes : la part des dépenses que nous devons nous-mêmes assurer, via une assurance privée ou non, a augmenté de 20 à 30% (en France, cela s’élève à 24 %, en Allemagne à 22 % et en Suède à 15 %). Nous avons à nous occuper de près d’un tiers des dépenses, le principe de solidarité est miné d’autant.

Les soins de santé privés en marche

On remarque aujourd’hui une croissance du nombre de consultations privées de spécialistes au sein même des hôpitaux. C’est un élément révélateur du sous-financement des hôpitaux : des médecins et des spécialistes pallient à l’absence de moyens avec des cabinets privés dans les hôpitaux.

Seulement, c’est au patient de payer la note. L’hebdomadaire flamand “Knack” a mentionné dans un article dédié aux “soins de santé de classe” l’exemple d’une femme qui a demandé un rendez-vous chez un endocrinologue à l’hôpital (UZ) de Jette. Il lui a été répondu que la liste d’attente était telle qu’il n’était pas possible d’avoir un rendez-vous avant cinq semaines, à moins d’une consultation personnalisée qui lui aurait coûté entre cinquante et soixante euros, sans remboursement intégral (dans certains hôpitaux on passe régulièrement la barre des cent euros).

Finalement, les soins de santé dépendront du revenu. Déjà actuellement, la santé ou même l’espérance de vie diverge selon les moyens et les possibilités du patient. Un salarié peu qualifié décède en moyenne trois ou cinq années plus tôt qu’un qualifié, un bébé dont les parents sont au chômage a environ deux fois plus de risques d’être mort né qu’un bébé issu d’un couple qui travaille. La commercialisation et la privatisation n’auront pour effet que de renforcer le clivage entre les riches et les pauvres. Il est grand temps de se mettre en action contre la commercialisation !

Action de la LBC (CNE en Flandre) à l’avant-première de Sicko à Gand

A l’occasion de l’avant-première du film “Sicko” lors du festival du film de Gand, la "Landelijke Bedienden Centrale"/ Centrale Nationale des Employés (CSC) a organisé une action devant le cinéma Kinépolis. Depuis un moment déjà, le syndicat mène une campagne sur le thème de la “commercialisation des soins de santé”. Ils ont pris la parole dans la salle et un sosie de Michael Moore a mis en garde le public contre la commercialisation des soins de santé.
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photos sur le blogspot néerlandophone Polsslag

lundi 29 octobre 2007

Nouveau tract du SETCa Non-marchand

Délais de préavis des ouvriers
Application de la CCT du 30 juin 2006

La CCT du 30 juin 2006 - "Octroi de certains avantages du statut d’employé aux ouvriers" donne à tous les ouvriers comptant une ancienneté d’au moins 5 ans acquise dans les secteurs fédéraux de la santé deux avantages importants du statut employé. Elle constitue à ce titre une avancée significative en matière de rapprochement (vers le haut) des statuts d’ouvrier et d’employé.

En matière de délai de préavis en cas de licenciement (ou le cas échéant, des indemnités compensatoires de préavis) : Hormis durant la période d’essai, le délai de préavis à observer est de 3 mois par tranche de 5 années d’ancienneté entamée auprès de l’employeur.

Ancienneté auprès de l’employeur
Préavis donné par l’employeur
0 à 5 ans: 3 mois
5 à 10 ans: 6 mois
10 à 15 ans: 9 mois
15 à 20 ans: 12 mois


Remarque 1 : cette règle ne s’applique pas lorsque le licenciement est le fait de l’employeur, en accord avec l’ouvrier, en vue de la prépension.

Remarque 2 : Le régime supplétif prévu par la CCT n° 75 reste d’application pour les ouvriers comptant une ancienneté de moins de 5 ans.


Entrée en vigueur : le 1er janvier 2007.

En matière de salaire garanti en cas de maladie ou d’accident :Hormis dans sa période d’essai, l’ouvrier conserve le droit à sa rémunération durant les 30 premiers jours d’incapacité de travail.

Entrée en vigueur : à partir de la date à laquelle son financement par les pouvoirs publics sera effectif.

Il nous revient que certains employeurs du secteur, arguant du fait de l’absence de financement par les pouvoirs publics, refusent d’appliquer les deux dispositions susmentionnée.

Le SETCa s’insurge contre cette interprétation abusive. En effet, si cette CCT, n’est pas encore applicable en ce qui concerne le salaire garanti en cas de maladie ou d’accident, étant donné que les conditions afférentes ne sont pas encore remplies, elle doit être appliquée depuis le 1er janvier 2007 en ce qui concerne les délais de préavis adaptés.

La non-application de cette deuxième disposition risque, par ailleurs, de créer des difficultés aux travailleurs concernés par rapport à l’indemnisation chômage. Vigilance donc !

dimanche 28 octobre 2007

TO KIWI OR NOT TO KIWI: that is NOT the question!

Le 'Kiwi-light' du ministre Demotte est déjà vu comme une blague mais qui s’attendait à autre chose ? Le lobby de l’industrie pharmaceutique dans cette discussion brûlante était en quelque sorte la megacampagne du siècle dans le secteur. Beaucoup d’argent était d’ailleurs en jeu.

La baisse temporaire des prix des médicaments due à la discussion est, entre-temps, tout a fait finie à cause de l’introduction d’une nouvelle génération de médicaments très chers. C’est aussi la logique même que l’industrie compense la perte de profits dans un secteur dans un autre secteur. En dernière instance, les conditions de travail et l’emploi dans l’industrie pharmaceutique subiront la même logique pour garder au même niveau les énormes marges de profits. L’annonce des 688 licenciements chez Janssens Pharmaceutica est une triste confirmation de notre analyse.

L’industrie des médicaments génériques a entre-temps subi tellement de concurrence des produits de marque, qui offrent des médicaments aux hôpitaux en dessous du prix des variantes génériques, qu’elle est aujourd’hui hors du marché. L’exécution d’un modèle kiwi dans son ensemble assurerait encore plus rapidement la formation de monopoles dans le secteur, ce qui augmenterait les prix à moyen terme au lieu de les diminuer.

REPRESENTATION syndicale

Le Secteur Fédéral des Soins de Santé donne l’exemple dans les PMI (les Petites et Moyennes Institutions)

Depuis mars 2000, l’Accord Fédéral du secteur des Soins de Santé comprend un accord sur le principe de la baisse du seuil nécessaire à la fondation d’une délégation syndicale. Un certain nombre d’organisations patronales ont réussi à reporter la concrétisation de l’accord sur le terrain jusqu’en octobre 2007. Les mesures au profit des travailleurs ne sont jamais dans notre pays obtenues sans lutte mais maintenant, après 7 longues années, on y arrive enfin.

La baisse du seuil se fera par étapes. Dès le 1 octobre 2007, on peut établir une délégation syndicale à partir de 40 personnes dans le personnel, un an plus tard, ce sera à partir de 30 et encore un an plus tard, de 20. La condition est que la moitié du personnel en fasse la demande et accepte d’être représenté par une délégation syndicale. La délégation existe concrètement par 2 mandats accordés par le(s) syndicat(s).

Evidemment il ne s’agit pas ici des élections sociales mais c’est déjà un pas en avant comparé au récent accord national passé entre le patronat et les directions des syndicats pour laisser le vieux seuil comme base pour les élections sociales de 2008 ( et donc dans la pratique s’en foutre des directives européennes et de la loi). Nous pouvons donc constater que pour le patronat, c’est apparament une chose facile de nier la loi si celle-ci ne leur convient pas. Mais si un travailleur le fait ...

C’est un fait, avec cet accord, que la direction nationale des syndicats se rend coupable aussi de cette situation illégale. Cet accord est le résultat d’un chantage de la part du patronat qui, si nécessaire, aurait rendu les élections de 2008 impossibles, avec toutes les conséquences que cela aurait eu pour les militants syndicaux sur le terrain. Tout cela explique cette situation mais ne la justifie pas.

Sur différents terrains, les syndicats du non-marchand jouent un rôle pionnier mais qui est n’est pas suivi, ou alors d’une manière hésitante, par les secteurs privés : par exemple, la problématique des fins de carrière mais maintenant également les questions sur la représentation syndicale dans les petites et moyennes entreprises (appelées dans le secteur petites et moyennes institutions)

dimanche 14 octobre 2007

Soins de santé de qualité contre marché « libre »

Le film ‘Sicko’ de Michael Moore nous offre une belle occasion de discuter plus profondément des soins de santé aux Etats-Unis. Comment fonctionne ce système? Et y a-t-il des alternatives?

Le choc des chiffres

Une enquête, réalisée dans treize pays industrialisés a comparé 16 indicateurs médicaux. Les Etats-Unis y ont reçu une cote très basse : l’avant-dernière position du classement. Ainsi, les USA ont-ils obtenu le pire résultat en ce qui concerne l’insuffisance pondérale à la naissance et la mortalité infantile pendant le premier mois suivant la naissance. La durée moyenne du séjour en maternité y est très basse : seulement deux jours. En Belgique, en 2000, la moyenne était de plus de cinq jours ; dans les pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), quatre jours.

Selon une enquête de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sur un total de 25 pays, les Etats-Unis se classent 15e au niveau de la qualité des soins de santé. Cette enquête de l’OMS a tenu compte de l’état de santé général de la population. La caricature du mauvais style de vie du «gros Américain» n’a donc pas d’impact sur le classement. Divers paramètres ont été utilisés pour mener l’étude: le pourcentage de la population qui fume, la consommation d’alcool, l’utilisation de graisses animales saturées, le taux de cholestérol,...

Si l’on jugeait selon le ‘mauvais’ style de vie, les Japonais emporteraient la première position! Le Japon connaît notamment un pourcentage élevé de fumeurs : 61% des hommes et 14% des femmes. Mais malgré cela, le Japon est en première position en ce qui concerne les soins de santé. Un autre chiffre alarmant: les Etats-Unis sont en 27e position en ce qui concerne la longévité.

Les “listes d’horreur” des soins de santé américains

Le Journal of the American Medical Association du 26 juillet 2006 a donné un exemple saisissant de la mauvaise qualité des soins de santé aux Etats-Unis. Dans ce pays, les erreurs médicales constituent la troisième cause de mortalité. Chaque année, 225.000 Américains meurent d’erreurs médicales dont 12.000 pour cause de chirurgie superflue, 80.000 suite aux infections dans les hôpitaux, 106.000 à cause des effets secondaires des médicaments, etc.

4 à 18% des patients qui subissent un traitement polyclinique en subissent des effets négatifs qui nécessitent à leur tour un traitement supplémentaire chez un autre médecin. En chiffres bruts, cela signifie:

*116 millions de consultations supplémentaires chez un autre médecin
*77 millions de prescriptions supplémentaires
*17 millions d’interventions supplémentaires de premiers secours
*8 millions d’hospitalisations supplémentaires
*3 millions de traitement supplémentaires de longue durée
*199.000 décès suite à un traitement supplémentaire (donc une succession d’erreurs)
*un total de 77 milliards de dollars de frais médicaux supplémentaires

D’après les chiffres de l’OCDE, en 2001, la Belgique a dépensé 9% de son produit intérieur brut (PIB) en soins de santé. Les USA étaient en première position de ce classement avec 13,9% du PIB. Etrange lorsque l’on sait que les Américains doivent payer eux-mêmes la majorité de leurs frais médicaux. Seulement un quart de la population jouit d’une assurance garantie par des programmes d’aide publics et près de 47 millions d’Américains ne disposent d’aucune forme d’assurance maladie. La part des dépenses publiques dans le total des dépenses de soins de santé s’élève en moyenne à 72% dans les pays de l’OCDE, mais à seulement 44% aux Etats-Unis. Et ce sont pourtant les USA qui dépensent le plus en soins de santé (4.900$ par habitant), malgré leur inefficacité et leur coût élevé.

Caisses de soins de santé: D’abord les actionnaires, puis les patients

Aux Etats-Unis, les soins de santé sont en principe régulés par le soi-disant « marché libre ». Résultat: chaos total. Il existe d’innombrables formes d’organisation, chacune ayant sa propre dynamique économique, ses frais, son lot d’assurances, sa qualité et son accessibilité. Les clients concluent des contrats avec des clauses de soins auprès de prestataires bon marché répartis sur de vastes territoires. Les gens sont orientés vers le centre A pour les soins de première ligne, vers l’hôpital B pour l’aide médicale d’urgence, vers le bâtiment C pour les hospitalisations, vers la polyclinique D pour les diabètes, vers la maison de repos E, etc.

Les sociétés d’assurance et les prestataires de soins (hôpitaux, médecins de famille, maisons de repos,…) sont organisés dans les Health Maintenance Organisations (HMO). Ces industries concluent aussi des contrats avec les employeurs pour leurs salariés. Certaines font partie du secteur non-marchand, d’autres sont commerciales, cotées en Bourse et emploient les managers les plus cher du pays.

L’unique but des soins de santé aux Etats-Unis est la réalisation de profits. Plus on dépense pour soigner les patients, moins il y a de dividendes à distribuer aux actionnaires. Dans le film de Michael Moore, ce mécanisme est mis à nu. Les assurances-maladie privées font tout pour éviter de rembourser un assuré. On va jusqu’à recruter des détectives qui enquêtent sur le passé médical du patient afin de pouvoir lui réclamer de l’argent en cas de « rétorsion d’informations » lors de la conclusion du contrat. Ainsi, un cancéreux peut se voir refuser le remboursement de ses frais médicaux pour avoir omis de signaler une infection bactérienne.

D’un point de vue médico-technique, l’offre de soins professionnels est satisfaisante. Du moins pour ceux qui y ont accès. En pratique, les soins de santé de bonne qualité aux Etats-Unis sont un privilège des riches. Ceux qui n’y ont pas droit doivent en appeler à la charité et aux soi-disant ‘dispensaires collectifs’ (‘community health centers’).

Aux Etats-Unis, la médecine préventive est quasi-inexistante et se limite à la diffusion de dépliants informatifs, des vaccinations et des enquêtes auprès de la population. Les soins de santé sont entièrement centrés sur les individus et se limitent en fait à des soins curatifs. Si on veut vendre la maladie et la santé sur un marché économique, les soins de santé doivent être regroupés en paniers de ‘produits’ négociables à un certain prix. La prévention n’y trouve pas sa place.

L’approche commerciale a pour effet de déresponsabiliser les individus et les collectivités. L’impossibilité d’investir dans la santé et dans l’usage rationnel des possibilités génère le consumérisme, la surconsommation et l’usage inapproprié. Tout ceci contribue à gonfler la facture qui se répercute finalement dans la médecine curative, d’où les coûts élevés aux Etats-Unis.Aux Etat-Unis, mais également en Europe, l’idée de “liberté de choix” n’est qu’un alibi pour le marché des soins de santé. Mais la plupart des gens n’ont pas la possibilité d’y faire leur marché. Tout y est régulé par l’offre et la demande de soins.

La santé publique en Europe : Terre promise ?

Ces dernières années, en Europe également, la tendance est à la commercialisation des soins de santé. Les avocats du système américain affirment que le ‘libre’ marché dans les produits de soins aboutira à l’efficacité, à la maîtrise des coûts, au libre choix et à la qualité.
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Plusieurs tentatives ont été faites pour donner les soins de santé en pâture aux vautours du privé par le biais des institutions internationales (entre autres l’OMC et l’UE). Par exemple, seule la pression syndicale a permis d’éviter (provisoirement ?) que le secteur de la santé (et ses dérivés) tombe dans le champ d’application de la directive “Bolkestein”.
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Bien loin de la vision idyllique qu’en donne “Sicko”, les soins de santé en Europe souffrent de graves carences. A l’instar d’autres secteurs, la politique néo-libérale y a laissé des traces profondes. Les mesures d’économie n’épargnent pas ce secteur et les problèmes sont donc le plus souvent dus à un manque de moyens qui met sous pression les systèmes de soins de santé universels comme le NHS (National Health Service) en Grande-Bretagne.

Et en Belgique ?

La pression financière accrue sur les soins de santé qui deviendrait intenable pour les pouvoirs publics sert d’argument massue pour justifier l’ouverture du secteur au privé. Ainsi, les longues listes d’attente dans le secteur des maisons de repos constituent l’alibi parfait pour des initiatives privées. Dans ce secteur, les maisons de repos commerciales sont en train de gagner du terrain : il y a déjà 7 grandes sociétés d’investissement qui sont actives sur le terrain. Elles y font évidemment des bénéfices, ce qui implique des économies sur le personnel, les bâtiments, l’infrastructure,… L’engagement de ces sociétés d’investissement n’est évidemment pas dicté par l’amour des personnes âgées...

Dans les hôpitaux, on sous-traite les tâches secondaires (comme les services de nettoyage) et on privatise les activités les plus lucratives. Dans certains hôpitaux (publics), il y a plusieurs catégories de personnel qui coexistent : à côté du personnel nommé en voie d’extinction, il y a les contractuels qui sont engagés dans des entités juridiquement distinctes où les salaires et les conditions de travail sont nettement inférieures…

Une commercialisation accrue ne peut qu’aboutir à terme à un système de soins de santé à deux vitesses : une offre de base accessible à tous et des soins de luxe pour ceux qui peuvent se le permettre.

David et Goliath…
Les soins de santé à Cuba et aux USA


Le cauchemar des soins de santé aux Etats-Unis contraste avec la situation à Cuba. Malgré les critiques que l’on peut faire au régime cubain, il est frappant de constater que la santé publique y est meilleure qu’aux Etats-Unis. A Cuba, les soins de santé sont gratuits et universels. Il y a un système de soins intégrés qui met l’accent sur la prévention. Les médecins soignent leurs patients mais agissent aussi sur les causes. Ils appliquent un politique médicale au niveau des quartiers. Dans les laboratoires cubains, la recherche sur les vaccinations est très poussée.
Des milliers de médecins cubains travaillent dans 68 pays différents. Rien qu’au Venezuela, il y a près de 20.000 travailleurs de la santé cubains. Pas mauvais pour un pays du Tiers-Monde avec autant d’habitants que la Belgique. Les médecins compétents ne deviennent donc pas forcément des vampires assoiffés d’argent...

dimanche 7 octobre 2007

“Sicko” ou l’industrie de la santé américaine mise à nu

Le néoliberalisme: un système malade !

Dès le 10 octobre, nous pourrons voir dans les cinémas belges le documentaire « Sicko » du réalisateur Michael Moore. Après « Bowling for Columbine » et « Fahrenheit 9/11 », il dévoile une autre catastrophe nationale au Etats-Unis : les soins de santé.

Moore s’est construit une réputation de critique acerbe des puissants du monde auprès d’un large public. Quand les entreprises américaines des soins de santé ont appris qu’elles seraient le sujet du prochain film de Michael Moore, un véritable état de siège a commencé. Cela a manifestement eu pour effet que nulle part dans le film, on ne voit une confrontation physique entre Michael Moore et des membres de conseils d’administration ou des porte-paroles de l’industrie de la santé, ce qui est pourtant le cachet du critique américain. Mais pas de panique : le film a d’autres tours de force.

A travers le film, en comparant les soins de santé américains avec ceux des autres pays industrialisés, il montre le véritable désastre sanitaire aux Etats-Unis. Ce film montre le rôle évident de « Tricky Dick » alias le président Nixon dans cette catastrophe.

Il est cependant regrettable que le film n’aborde le problème que pour ceux qui ont une assurance maladie, ce qui laisse un gros point aveugle de 47 millions d’Américains qui en sont dépourvus. Obtenir une assurance n’est pas une panacée, mais ceci n’est que le début du calvaire. Les assurances maladie étant privées, la soif de profits conduit ici aussi à des situations absurdes et surréalistes que Michael Moore met en scène. La manière badine avec laquelle Michael Moore cadre les histoires adoucit les faits, mais on en a pas moins envie de crier vengeance : quelques témoins y ont littéralement perdu la vie.

Sur l’air connu de Star Wars, défile à l’écran la liste (35 pages!) des maladies pour lesquelles il est impossible de prendre une assurance maladie privée. Une visite à Guantanamo Bay montre jusqu’où cette absurdité peut aller. La prison/forteresse américaine sur le sol cubain est le seul lieu aux Etats-Unis où existent des soins de santé universels et gratuits,... alors que de nombreux sauveteurs du 11/9 sont abandonnés à leur triste sort.

Ce documentaire de Michael Moore a, comme d’habitude, le mérite de dénoncer des injustices. Cependant, on peut regretter le ton quelque peu moralisateur (typiquement américain) de la critique et de son approche des soins de santé européens qui est tout sauf nuancée. L’Europe est présentée comme le pays de cocagne où la politique néolibérale de ces dernières années n’a été apparemment qu’un mauvais rêve. Mais c’est oublier le démantèlement de la sécurité sociale en Europe. Le Service National des Soins de Santé (NHS) en Grande-Bretagne est mis sur un piédestal, alors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait d’actions contre la fermetures de cliniques.

“Sicko” est cependant vivement recommandé à tous ceux qui veulent savoir quel avenir nos politiciens néolibéraux et les patrons nous préparent.

jeudi 4 octobre 2007