lundi 13 juin 2011

Démonstration réussie ce 9 Juin : perspectives ...

"Une énième ballade en ville" ou le coup d'envoi d'une nouvelle lutte pour l'acceptation de toutes nos revendications?

Nous étions 16.000 manifestants (selon la police) à Bruxelles. La plus grande manifestation du secteur social depuis la présentation du carnet de revendications début de l'année dernière. La solidarité intersectorielle est grande.

Il y a aussi un grand soutien des clients, des résidents, des participants, des patients, des personnes âgées et d'autres personnes nécessitant des soins envers les travailleurs du secteur Non-Marchand, tout comme celui de leurs familles et de certains employeurs (tout relatif soit-il). Nos décideurs politiques appartiennent à un autre groupe. En tant que complices (in?)conscients du capital, leur mission est de s'attaquer au secteur Soins de Santé pour, ensuite, le livrer au secteur privé. Lequel n'est intéressé que par de gros profits pour les actionnaires. La Colère Blanche ne laissera pas cela se produire. La manifestation nationale le 9 juin n'a été qu'un simple avertissement. Le secteur ne s'est jamais montré au maximum de sa puissance, mais s’il n'y a pas rapidement un accord pluriannuel sur la table, un changement pourrait bien produire.

Dans un secteur de plusieurs centaines de milliers de travailleurs et d'encore plus de sympathisants réside une grande force, la force de son nombre. Si elle est utilisée, de véritables pas en avant sont une perspective très réelle. Que tous les travailleurs soient impliqués dans la lutte est loin d'être évident. C'est pourquoi, il est nécessaire qu'un plan d'action clair soit élaboré. Pour être efficace, ce plan d'action doit transcender les sous-secteurs et les frontières syndicales et être accompagnée d'une campagne de solidarité et d'information vers un large public. La période d'été est idéale pour un accord interne et mutuel des divers groupes d'intérêt au sein du Non-Marchand. De cette façon, un plan pourrait être proposé en septembre. Un plan d’action (de grève) qui augmente systématiquement en rythme et en volume, mais aussi qui puisse perdurer pendant une période relativement longue et ne sera levé que lorsqu'une proposition acceptable nous soit apportée.

Secteurs fédéraux: rien de nouveau sous le soleil ...

Personne ne peut nier que des mesures supplémentaires sont nécessaires. Après la manifestation, cette nécessité est confirmée par les secrétaires syndicaux qui donnent un rapport des négociations avec les ministres compétents. Par deux fois cette semaine, des entretiens ont eu lieu, au niveau fédéral, au 16 rue de la Loi. Les ministres Onkelinx (PS, vice-premier ministre et ministre des Affaires sociales et de la santé en affaires courantes), Milquet (CDH, vice-premier ministre pour l'emploi et l'égalité des chances en affaires courantes), et un employé de Leterme (CD&V et Premier ministre en affaires courantes). Les syndicats y ont appris que la Belgique n'a pas de gouvernement fédéral, mais qu'un formateur est nommé et qu'un gouvernement peut être formé. Force est de constater que leurs interlocuteurs ne manque pas d'humour. Les syndicats ont simultanément reçu l'information qu’aucunes négociations ne pourraient être engagées, mais qu’il y a la possibilité de mettre sur pied un groupe technique de travail chargé de préparer ces négociations. Pour finir, ils ont aussi appris qu'il n'y aurait pas de 2ème mini-accord et que les syndicats devront faire des choix dans leurs revendications. Encore de l'humour?

Secteur Flamand: La force de l'inertie malgré la date de fin des négociations.

Au niveau flamand, on a déjà négocié pendant environ un mois, mais il n'y a guère d'avancées. C'est seulement au niveau de la classification des fonctions des salariés qu'il y a des voix agréables. Le 13ème mois et les autres conditions salariales n'ont été évoqués qu'en passant, tout comme le décommercialisation et la perte de qualité des soins, ce sur quoi les syndicats voulaient entendre une position claire du gouvernement. Les mesures d'augmentation de la qualité telles que la réduction de la charge de travail et l’engagement de personnel supplémentaire n'ont pas encore été abordés. A cinq manches de la fin, la marche de manœuvre sera étroite pour finaliser un préaccord avant le 29 juin, date de fin des négociations. Les directions syndicales prévoient également une évaluation négative par la base, dans la perspective d'un accord acceptable plutôt maigre.

Au niveau flamand et fédéral ce sera donc, selon toute probabilité, reporté à après l'été. Nous appelons donc dès maintenant pour un large accord interne et entre les divers groupes d'intérêt au sein du secteur Non-Marchand.

De bons soins et le bien-être sont des éléments extrêmement importants de la vie en société, mais qui sont, dans la logique capitaliste actuelle, très difficiles à atteindre, et encore plus quand il s’agit de préserver ce qui existe déjà. Il est donc nécessaire que, en plus de l'acceptation des revendications syndicales, les luttes de la Colère Blanche soit une extension d'un combat politique pour un service de santé gratuit aux mains du public, où toute forme de participation du secteur privé soit bannie. Un tel Service de Soins de Santé ne peut exister que quand il est sous le contrôle de la population. Ce qui met en avant l'appel pour un nouveau parti des travailleurs. En attendant un tel parti, nous continuons avec Hypertension à rassembler des syndicalistes de lutte et des militants issus du secteur, au-delà des frontières syndicales pour, d'une manière critique, faire pression sur les syndicats pour ne pas laisser la lutte s'essouffler et s'éteindre mais se développer.

vendredi 10 juin 2011

La Colère Blanche du non-marchand dans les rues de Bruxelles

L'an dernier, à cette époque, il y avait déjà eu une grande manifestation du personnel du non-marchand et, cette année encore, une manifestation a réuni hier environ 16.000 travailleurs. Les négociations concernant les salaires, les conditions de travail et l'engagement de plus de collègues n'aboutissent pas. Ce secteur très diversifié souffre d'un même problème : un manque cruel de moyens. Pour sauver les banques ou participer à une guerre impérialiste en Libye, les moyens ne manquent pas. Mais lorsqu'il s'agit d'offrir des soins de santé ou un acceuil décent pour les personnes âgées,... là, les caisses sont "vides".

* reportage photo 1 socialisme.be
* reportage photo 2 socialisme.be
* reportage photo SETCa-FGTB CHIREC
* tract Hypertension en PDF

Soins de santé: A la mesure du budget ou à la mesure des nécessités?

La colère blanche du non-marchand

Très exactement un an après avoir manifesté à 15.000 à Bruxelles, la colère blanche redescend à nouveau dans les rues le 9 juin. L’an dernier, les syndicats ne sont pas restés sans bouger, au contraire du gouvernement et des employeurs. Les nombreuses actions et grèves n’ont reçu comme réponse qu’une poignée de petites réunions de négociation au niveau flamand, et le gouvernement fédéral s’est contenté d’une politique de diviser-pour-régner. Le gouvernement fédéral, en affaires courantes, prétend ne pas pouvoir prendre de décision dans le secteur des soins de santé mais, par contre, il n’a eu aucun problème à décider de participer à une guerre en Libye

Mener des actions, ça paye ! C’est ce que prouve la nouvelle proposition du gouvernement flamand du 2 mai, après la manifestation réussie du 29 mars. Le budget pluriannuel des secteurs flamands a visiblement été accru, passant de 147 millions d’euros à 210 millions. La manifestation nationale du 9 juin de TOUS les secteurs (y compris francophones, qui n’étaient présents le 29 mars que via une petite délégation plus symbolique qu’autre chose) du non-marchand tombe donc en plein milieu des négociations qui pourraient être conclues fin juin. La pression supplémentaire de la mobilisation ne sera pas de trop. Le résultat des négociations sera connu début juillet.

Une autre preuve du fait que partir en grève est bien utile, est la conclusion de l’accord de protocole du 21 février concernant les 500 équivalents temps plein supplémentaires d’ici 2014 dans le secteur handicap en Flandre, après quelques actions de grève réussies. La pression issue de l’intensification des actions, en temps, en étendue et en force, a poussé le ministre à céder. En 1983, l’encadrement du personnel prévu par la loi a été gelé, et c’est cela qui selon les syndicats conduit à un manque de personnel (actuellement estimé à 2.200 équivalents temps plein). Les 500 emplois supplémentaires promis ne doivent constituer qu’un début mais, sans actions, on en serait resté à une tape amicale sur l’épaule de la part du ministre. En opposition aux secteurs flamands, les secteurs fédéraux (hôpitaux, maisons de repos,…) restent sur leur faim depuis déjà un bon bout de temps. Une solution intermédiaire a été trouvée pour ces secteurs avec un mini-accord (d’une valeur de 50 millions d’euros pour les secteurs public et privé ensemble) pour cette année seulement. Reste à voir dans le courant de cette année si l’on en verra l’application, aussi petit soit-il, car les employeurs freinent des quatre fers.

Les syndicalistes savent bien que si aucune discussion ne commence après la manifestation du 9 juin, des actions plus dures devront être préparées pour septembre afin d’accroitre la pression avec de véritables grèves au lieu de manifestations.

Égoïstes ou utiles à la société ?

Les revendications du personnel ont été rejetées par les gouvernements et les employeurs comme étant trop irréalistes et trop chères. Les médias ont été manipulés grâce à de faux rapports et à des chiffres trafiqués. Le ministre Vandeurzen (CD&V) a déclaré que les syndicats donnent une image tronquée des salaires de départ dans le non-marchand, et qu’une enquête de la KULeuven et de Vacature déclare que le personnel infirmier débutant appartient à la catégorie la mieux payée pour de jeunes diplômés.

Ce que cette étude passe allègrement sous silence, c’est qu’il s’agit d’un salaire incluant les primes de soirée, de nuit, de week-end et les jours fériés. Une étude plus objective, effectuée par le HIVA (Institut de recherche pour le travail et la société) a démontré que les salaires du non-marchand sont en réalité inférieurs de 10,5% en moyenne par rapport à ceux des fonctions équivalentes d’autres secteurs. Pour les employeurs, la solution, c’est de recourir au personnel infirmier polonais. Ne parlons pas encore du salaire et des conditions de travail pour ces employés...

Pour un service national et gratuit de soins de santé

Les gouvernements sont complètements opposés aux associations de patients et aux syndicats. Ils veulent des soins de santé basés sur des budgets d’austérité tandis que le personnel et les patients veulent des soins de santé basés sur leurs besoins. Pour la Banque Nationale de Belgique, les dépenses de soins pour une personne âgée de 70 ans reviendraient en moyenne à 3,5 fois ceux de quelqu’un de 35 ans. A 90 ans, les dépenses seraient 12 fois plus élevées. Le gouvernement aime citer ce type de chiffres, histoire de défendre la nécessité d’économies budgétaires ou pour nous convaincre d’accepter de devoir travailler plus longtemps. Pour les syndicats toutefois, ces chiffres reviennent surtout à dire qu’il faut ajuster les moyens financiers aux besoins du secteur.

Les différents partis politiques veulent s’en prendre à la norme de croissance du budget des soins de santé et sont favorables à une commercialisation accrue du secteur sous prétexte de limiter ainsi les dépenses publiques de la sorte. Les syndicats doivent s’opposer à ces projets et lutter pour un service national et gratuit de soins de santé, sous le contrôle démocratique de la collectivité et duquel serait bannie l’avidité du secteur privé.

Pousser la lutte en avant !

Les revendications du non-marchand sont loin d’être égoïstes, elles sont au contraire on ne peut plus nécessaires à la société. Plus de personnel, plus de moyens, une formation adéquate,… c’est ouvrir la voie à des soins de meilleure qualité pour chacun, et c’est aussi l’une des manières de combattre le chômage chez les jeunes.

Nous avons besoin d’un plan d’action combatif, la manifestation du 9 juin ne doit être ni une simple balade avant les vacances, ni la fin de la lutte. Luttons jusqu’à l’obtention de toutes nos revendications !

Non-marchand en colère : Il nous faut un plan d’action

Le 26 avril, le front commun syndical du non-marchand a envoyé une lettre au Premier Ministre Yves Leterme afin de lui demander les raisons de l’absence de toute négociation concernant l’accord pluriannuel pour le secteur fédéral de la santé. La lettre déclare : ‘‘En 2011 les partenaires sociaux ont conclu un soi-disant ‘‘mini-accord’’ pour une durée d’une année. (…) Sur divers points, cet accord ne répond pas aux attentes légitimes des travailleurs du secteur fédéral de la santé.’’

Pour les secteurs fédéraux, il n’y a même pas encore d’agenda de négociation. Si la manifestation nationale du 9 juin n’obtient pas de résultat concret, nous aurons à passer à des actions plus dures après les vacances, à l’exemple des grèves dans le secteur handicap en Flandre.

Nous proposons d’élaborer un plan d’action détaillé avec une escalade dans le temps et la portée. Comment construire un tel plan d’action ?

1. Organiser des grèves de 24 heures dans un grand hôpital par province, chaque mois à partir de septembre. Ces grèves doivent se faire en front commun syndical et avec des piquets de grève massifs qui peuvent prendre le caractère d’une petite manifestation. Tous les militants de la province peuvent être mobilisés vers ce piquet. Bien sûr, il faut avoir un calendrier précis des grèves depuis le début et donner ce calendrier au gouvernement et aux employeurs, pour qu’il soit clair pour tout le monde que les actions sont sérieuses. Cette méthode a comme avantage de continuer la lutte durant toute une période sans mettre toutes ses cartes sur la table dès le début.

2. Si la perspective de grèves mensuelles ne suffit pas pour mettre le gouvernement sous pression, nous pouvons aller vers des grèves de plusieurs hôpitaux par province, à différents jours de la semaine, afin d’être capable de mobiliser pour les piquets. Par exemple : grève à l’hôpital A le mardi, à l’hôpital B le mercredi et à l’hôpital C le jeudi. Ceci étant donné les règles
spécifiques pour les grèves dans les hôpitaux. Cette stratégie a déjà été appliqué dans la précédente ‘‘colère blanche’’ par le SETCA-BHV.

3. Une escalade plus développée, avec des actions dans d’autres secteurs, comme les maisons de repos. Cela peut faire partie d’une construction systématique des actions selon un plan d’action.

Les actions pour l’accord précédent se sont arrêtées faute d’un tel plan d’action. Après différentes manifestations, nous avons eu une grève au finish qui, dans la pratique, était plutôt une grève chaotique et sans coordination. Espérons que les dirigeants syndicaux ont tiré les leçons de cette expérience et qu’ils sont prêts à mener avec la base syndicale la discussion sur un plan d’action offensif.