vendredi 10 juin 2011

Soins de santé: A la mesure du budget ou à la mesure des nécessités?

La colère blanche du non-marchand

Très exactement un an après avoir manifesté à 15.000 à Bruxelles, la colère blanche redescend à nouveau dans les rues le 9 juin. L’an dernier, les syndicats ne sont pas restés sans bouger, au contraire du gouvernement et des employeurs. Les nombreuses actions et grèves n’ont reçu comme réponse qu’une poignée de petites réunions de négociation au niveau flamand, et le gouvernement fédéral s’est contenté d’une politique de diviser-pour-régner. Le gouvernement fédéral, en affaires courantes, prétend ne pas pouvoir prendre de décision dans le secteur des soins de santé mais, par contre, il n’a eu aucun problème à décider de participer à une guerre en Libye

Mener des actions, ça paye ! C’est ce que prouve la nouvelle proposition du gouvernement flamand du 2 mai, après la manifestation réussie du 29 mars. Le budget pluriannuel des secteurs flamands a visiblement été accru, passant de 147 millions d’euros à 210 millions. La manifestation nationale du 9 juin de TOUS les secteurs (y compris francophones, qui n’étaient présents le 29 mars que via une petite délégation plus symbolique qu’autre chose) du non-marchand tombe donc en plein milieu des négociations qui pourraient être conclues fin juin. La pression supplémentaire de la mobilisation ne sera pas de trop. Le résultat des négociations sera connu début juillet.

Une autre preuve du fait que partir en grève est bien utile, est la conclusion de l’accord de protocole du 21 février concernant les 500 équivalents temps plein supplémentaires d’ici 2014 dans le secteur handicap en Flandre, après quelques actions de grève réussies. La pression issue de l’intensification des actions, en temps, en étendue et en force, a poussé le ministre à céder. En 1983, l’encadrement du personnel prévu par la loi a été gelé, et c’est cela qui selon les syndicats conduit à un manque de personnel (actuellement estimé à 2.200 équivalents temps plein). Les 500 emplois supplémentaires promis ne doivent constituer qu’un début mais, sans actions, on en serait resté à une tape amicale sur l’épaule de la part du ministre. En opposition aux secteurs flamands, les secteurs fédéraux (hôpitaux, maisons de repos,…) restent sur leur faim depuis déjà un bon bout de temps. Une solution intermédiaire a été trouvée pour ces secteurs avec un mini-accord (d’une valeur de 50 millions d’euros pour les secteurs public et privé ensemble) pour cette année seulement. Reste à voir dans le courant de cette année si l’on en verra l’application, aussi petit soit-il, car les employeurs freinent des quatre fers.

Les syndicalistes savent bien que si aucune discussion ne commence après la manifestation du 9 juin, des actions plus dures devront être préparées pour septembre afin d’accroitre la pression avec de véritables grèves au lieu de manifestations.

Égoïstes ou utiles à la société ?

Les revendications du personnel ont été rejetées par les gouvernements et les employeurs comme étant trop irréalistes et trop chères. Les médias ont été manipulés grâce à de faux rapports et à des chiffres trafiqués. Le ministre Vandeurzen (CD&V) a déclaré que les syndicats donnent une image tronquée des salaires de départ dans le non-marchand, et qu’une enquête de la KULeuven et de Vacature déclare que le personnel infirmier débutant appartient à la catégorie la mieux payée pour de jeunes diplômés.

Ce que cette étude passe allègrement sous silence, c’est qu’il s’agit d’un salaire incluant les primes de soirée, de nuit, de week-end et les jours fériés. Une étude plus objective, effectuée par le HIVA (Institut de recherche pour le travail et la société) a démontré que les salaires du non-marchand sont en réalité inférieurs de 10,5% en moyenne par rapport à ceux des fonctions équivalentes d’autres secteurs. Pour les employeurs, la solution, c’est de recourir au personnel infirmier polonais. Ne parlons pas encore du salaire et des conditions de travail pour ces employés...

Pour un service national et gratuit de soins de santé

Les gouvernements sont complètements opposés aux associations de patients et aux syndicats. Ils veulent des soins de santé basés sur des budgets d’austérité tandis que le personnel et les patients veulent des soins de santé basés sur leurs besoins. Pour la Banque Nationale de Belgique, les dépenses de soins pour une personne âgée de 70 ans reviendraient en moyenne à 3,5 fois ceux de quelqu’un de 35 ans. A 90 ans, les dépenses seraient 12 fois plus élevées. Le gouvernement aime citer ce type de chiffres, histoire de défendre la nécessité d’économies budgétaires ou pour nous convaincre d’accepter de devoir travailler plus longtemps. Pour les syndicats toutefois, ces chiffres reviennent surtout à dire qu’il faut ajuster les moyens financiers aux besoins du secteur.

Les différents partis politiques veulent s’en prendre à la norme de croissance du budget des soins de santé et sont favorables à une commercialisation accrue du secteur sous prétexte de limiter ainsi les dépenses publiques de la sorte. Les syndicats doivent s’opposer à ces projets et lutter pour un service national et gratuit de soins de santé, sous le contrôle démocratique de la collectivité et duquel serait bannie l’avidité du secteur privé.

Pousser la lutte en avant !

Les revendications du non-marchand sont loin d’être égoïstes, elles sont au contraire on ne peut plus nécessaires à la société. Plus de personnel, plus de moyens, une formation adéquate,… c’est ouvrir la voie à des soins de meilleure qualité pour chacun, et c’est aussi l’une des manières de combattre le chômage chez les jeunes.

Nous avons besoin d’un plan d’action combatif, la manifestation du 9 juin ne doit être ni une simple balade avant les vacances, ni la fin de la lutte. Luttons jusqu’à l’obtention de toutes nos revendications !